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Observatoire de la mobilité

La data au service du territoire

Comment les habitants se déplacent-ils à travers un territoire comme Paris Ouest la Défense (POLD) ? Et les salariés ? Empruntent-ils la voiture, le vélo ou les transports en commun ? La pandémie de Covid-19 a-t-elle changé les habitudes de chacun ? Comment adapter au mieux l’aménagement du territoire pour coller aux usages ? Voilà une partie des questions que se posent les élus du territoire et auxquelles POLD entend bien apporter une réponse grâce à son Observatoire stratégique territorial de la mobilité, soutenu ardemment par les élus du territoire et notamment Patrick Ollier, vice-président au développement économique et à l’innovation. Pour ce faire, et dans le cadre du projet Territoires d’innovation de grande ambition (TIGA) Île-de-France et du Consortium « Construire au futur, habiter au futur », Paris Ouest la Défense a noué un partenariat avec IFP Énergies nouvelles (IFPEN) et l’Université Paris Nanterre. L’Observatoire, action concrète commune de cette convention-cadre, vise à capter, analyser et modéliser les données de mobilité sur le territoire pour mieux comprendre et anticiper les déplacements liés au travail et à la vie quotidienne. L’un des objectifs de cette collaboration est la création d’une cartographie dynamique des flux afin de devenir un véritable outil d’aide à la décision pour les élus, leur permettant de relever les défis sociétaux et co-construire ensemble le territoire de demain. Le projet lancé en octobre 2021 est financé à 100% par la Caisse des dépôts et consignations et doit durer 36 mois.

Un territoire dynamique

Paris Ouest la Défense, ce sont 11 communes sur une superficie de près de 6 000 hectares, 83 000 établissements, environ 570 000 habitants et presque autant de salariés. Autant dire que c’est un territoire dense et dynamique où le nombre de déplacements quotidiens est colossal. Comme tous les Établissements Publics Territoriaux (EPT), POLD fait face à des changements de comportements dus à la crise sanitaire, comme le fort développement du télétravail, et à des enjeux importants tels que les questions environnementales, avec la mise en place des Zones Faibles Émissions (ZFE) ou la hausse des mobilités douces. Depuis les pistes cyclables covid, le vélo, notamment avec assistance électrique, s’est démocratisé et son utilisation se fait désormais sur des trajets domicile-travail plus longs, en provenance de villes plus éloignées, parfois même en dehors du territoire. Des évolutions qui ont un impact direct sur la mobilité au sein de POLD qui comporte à la fois des zones centralisées très bien desservies, notamment le quartier d’affaires de la Défense, et d’autres qui ne le sont pas du tout.

 

Si les municipalités disposaient bien de données, ces enquêtes qui donnaient une image à un instant T étaient déjà presque obsolètes dès leur publication. Comme l’explique Nathalie Jacquart, directrice du développement économique et coordinatrice de projets à POLD, « il y a besoin d’un outil sur lequel on puisse s’appuyer au quotidien pour observer dans le temps, faire des comparaisons et regarder les évolutions ». L’idée de cet Observatoire a donc germé à la lumière de ces changements et de ces premiers constats : pour mener une politique de mobilité adaptée aux caractéristiques et aux spécificités du territoire, les élus ont besoin de se baser sur des données précises et une cartographie dynamique. « Dans un premier temps, l’Observatoire de la mobilité sera un outil partagé d’aide à la décision pour nos élus. Dans un deuxième temps, il sera étendu à l’échelle du territoire et des villes. Avant d’effectuer des travaux, nous voulions avoir une modélisation de ces flux de déplacements et savoir comment se comportent les habitants, les salariés, les vélos, les voitures et les transports en commun. Mais aussi quelles sont les rues les plus utilisées, celles qui le sont le moins, quels sont les temps des trajets, savoir si les cyclistes utilisent des vélos électriques ou non… ».

Une course aux données

Pour créer l’outil le plus proche de la réalité du terrain, les données représentent le point le plus essentiel. Il en existe des milliers sur la mobilité, encore faut-il pouvoir y accéder. « Les villes en gèrent certaines et le département d’autres. De la donnée, il y en a un peu partout, mais elle n’est pas centralisée et pas capitalisée », détaille Nathalie Jacquart. De plus, elles sont isolées ou peu qualifiées comme l’explique Alexandre Chasse, chef de projet services pour la mobilité à l’IFP Énergies nouvelles : « Ces données sont souvent ce qu’on appelle hétérogènes, c’est-à-dire qu’elles sont toutes différentes ». Pour les valoriser, il est donc primordial de les mettre en perspectives les unes avec les autres, et c’est justement l’idée sous-jacente à cet outil.

 

« Concrètement, on va parler des données de badgeages des transports en commun qui sont gérées par Île-de-France Mobilités, du comptage au sol pour le vélo ou la voiture et des informations provenant d’applications mobiles », comme GECO Air et Géovélo, détaille Alexandre Chasse.  De nombreux autres acteurs de la mobilité, comme Transdev, effectuent régulièrement des enquêtes auprès des usagers. Elles seront également intégrées dans l’Observatoire. S’il est impossible de collecter toutes les données, centraliser les plus importantes, les mettre en relations, les fusionner ou leur appliquer un traitement algorithmique permettra de dégager des tendances et de proposer une visualisation de toutes ces informations.

Un outil d'aide à la décision

Après plusieurs mois de développement, l’outil a commencé à être testé en interne. Comme le raconte Alexandre Chasse, « Jusqu’à présent, nous avons créé l’ossature de l’infrastructure informatique et depuis quelques mois nous travaillons étroitement avec les villes du territoire afin de commencer à ‘peupler’ l’Observatoire. Ce travail de co-création avec les villes permet de faire évoluer et ajuster ce commun pour répondre aux besoins exprimés par les référents mobilités ». Les mairies des 11 villes de POLD ont également fait remonter leurs questions et leurs intérêts en la matière. Un premier cas d’usage concret a été étudié autour des tiers lieux avec l’Université Paris Nanterre : « On a choisi huit tiers lieux sur le territoire : incubateurs, labs, le Catalyseur, espaces de coworking… pour voir, du fait du post-covid et du télétravail, comment les déplacements s’opéraient en lien avec ces lieux et ces nouveaux modes de travail. Une réflexion menée avec l’Université Paris Nanterre », détaille la directrice du développement économique de POLD. Une partie des recherches doit aussi permettre de répondre aux obligations du schéma directeur cyclable de Paris Ouest la Défense. « On a repéré que si on faisait des travaux sur des ruptures de pistes cyclables sur huit ou neuf kilomètres bien précis, cela permettait finalement de sécuriser les grands parcours cyclables ». Plus globalement, une dizaine de cas d’usages devraient être analysés dans un premier temps. Ils concerneront aussi bien l’usage du vélo, que la marche ou la voiture. La région Île-de-France a également sollicité un travail sur les transports avec le prisme particulier des horaires décalés.

Un projet pilote

En créant un outil dans la durée, l’idée est aussi de le rendre permanent pour le territoire. Selon le chef de projet services pour la mobilité à l’IFP Énergies nouvelles : « La finalité de l’outil tel qu’il a été construit n’est pas de faire une photo ou une étude sur une période donnée, mais bien de créer des indicateurs valables jusqu’à la fin du projet et de réfléchir à la façon de le pérenniser pour les rendre utilisables par les villes alentour ». C’est aussi ce que Nathalie Jacquart entrevoit pour cet Observatoire. « L’objectif ce n’est pas de rester dans notre coin. Il faut que ça serve à l’ensemble du consortium et plus largement à d’autres acteurs s’ils le souhaitent. Nous mettons en place l’outil, nous travaillons les cas qui nous semblent pertinents à l’échelle des villes et du territoire et nous le déployons. Mais nous supposons que ces cas seront identiques dans d’autres collectivités. En subventionnant ce pilote à 100 %, c’est bien dans l’idée qu’il serve ensuite à d’autres territoires sans qu’ils aient à redévelopper l’outil. Ils pourront intégrer leurs propres données et développer ainsi une autre version à l’échelle régionale par exemple ».

 

D’un Observatoire de la mobilité, centré sur le prisme économique via les trajets domicile-travail, le projet a également su évoluer pour mieux intégrer les chamboulements liés au Covid-19 et à la hausse du télétravail. Ainsi, afin de s’approcher au plus près de la réalité du territoire, les déplacements des habitants y sont largement valorisés. Sur un territoire comme POLD, les questions de mobilités sont intimement liées aux lieux de domiciliation et de travail. Un lien qui rend essentielles aussi les réflexions autour de l’immobilier, qu’il soit résidentiel ou d’entreprise. Grâce à la volonté des élus, Paris Ouest la Défense a donc également lancé un Observatoire Territorial et Stratégique de l’Immobilier (OTSI) dont le travail sera corrélé à celui de l’Observatoire de la mobilité dans les années à venir. Deux outils d’aide à la décision qui entrent dans la stratégie globale de POLD et de sa présidente, Joëlle Ceccaldi Raynaud, afin de répondre aux enjeux majeurs du territoire.

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